Les Mystérieuses Cités d’Or
Un article proposé par Nicolas du site https://les-dessins-animes.fr, le blog des créateurs et des fans de dessins animés.
Parmi les animes ayant marqué la génération Récré A2, les Mystérieuses Cités d’Or tire son épingle du jeu, en nous plongeant dans la mythologie inca. Son originalité détonante à l’époque en fait un titre réellement culte, faisant de lui, trente ans plus tard, un dessin animé toujours intemporel.
Pour compléter cette introduction, je vous rajoute ces quelques phrases du début de la série : « Le 16ième siècle. Des quatre coins de l’Europe, de gigantesques voiliers partent à la conquête du nouveau monde. A bord de ces navires, des hommes avides de rêve, d’aventure et d’espace, à la recherche de fortunes. Qui n’a jamais rêvé de ces royaumes souterrains, de ces mers lointaines peuplées de légendes ou d’une richesse lointaine qui se conquerrait au détour d’un chemin de la Cordillère des Andes ? Qui n’a jamais souhaité voir le soleil souverain guider ses pas, au cœur du pays inca, vers la richesse et l’histoire des mystérieuses cités d’or ? » Pour un peu, je m’arrêterais là, tant cette auto-présentation de la série la définit avec justesse, saga d’aventures et d’exploration en Amérique du Sud, dans un monde mystérieux à la limite du fantastique.
L’histoire en bref
Elle commence en 1532, à Madrid. Un jeune garçon de douze ans, Esteban, est une petite star dans son domaine, car il semble posséder l’étrange pouvoir de faire disparaître les nuages, ce qui lui vaut son surnom de Fils du Soleil. Il décide de partir vers le nouveau monde car son tuteur est mort et un marin, le fameux Mendoza, lui apprend qu’il a été sauvé d’un naufrage alors qu’il se trouvait à la dérive sur l’océan Pacifique. Son but est donc d’en apprendre plus sur son passé, sur ses origines, voire de retrouver peut-être un fragment de sa famille. En chemin, il fera la connaissance de nombreux compagnons de route, parmi lesquels les deux plus importants, Zia jeune Inca et Tao descendant de l’empire de Mû. Ensemble, ils possèdent le moyen d’accéder à la première des sept mythiques cités d’or.
La quête des Cités
Commençons par le commencement. La naissance du dessin animé vient de l’adaptation du livre de Scott O’Dell, the King’s Fifth. Coproduction franco-japonaise, cette série de 1981 avait permis à Jean Chalopin et à Bernard Deyriès, son réalisateur, d’être remarqués par nos chers Nippons, lorsque la NHK, chaîne culturelle japonaise, patauge pour adapter le roman et se tourne vers les Français. La coproduction se fera à 51% pour le Japon et 49% pour la France, soit l’inverse exact de la production d’Ulysse 31. En lisant le roman de l’écrivain américain, nous trouvons finalement peu de similitudes avec le dessin animé. Il faut prendre en compte qu’à cette époque, la NHK, par son statut de chaîne culturelle, ne pouvait se permettre de produire et diffuser des séries animées n’ayant pas un cachet didactique et donc tirées de romans. Mais bien trop souvent, le produit final avait peu de rapport avec le matériau d’origine, comme le prouvent également Belle et Sébastien ou Nadia. La priorité était donc de développer l’univers d’un auteur plutôt qu’être fidèle à l’histoire, pour ne pas gâcher le plaisir de découverte de l’enfant qui se serait plongé dans le livre adapté.
Arrivés en cours de route, Chalopin et Deyriès vont modifier tout le travail fourni par les Japonais du studio Pierrot, depuis le design des personnages signé Toshiyasu Okada connu pour Nils Holgersson, qu’ils rendent plus européens dans leur graphisme, jusqu’aux mecha auxquels ils donnent un aspect S.F, plus poussé. Visuellement, la série est une véritable claque en ce début des années 1980. Outre cette fusion entre traits européens et japonais pour les personnages, le design des mecha se révèle brillant, les décors sont réellement splendides. Notamment la reconstitution des monuments incas, ayant fait l’objet d’un soin et d’une documentation sans faille. Cependant, ce sera la bande sonore de la série qui l’inscrira à jamais au panthéon des classiques du genre. Les nombreux thèmes composés par le duo Haïm Saban/Shuki Lévy ont fait l’objet de nombreuses rééditions, et jamais nous n’avons vu plus beau casting pour les voix, avec des comédiens investis dans leurs rôles. Les constats que nous pouvons faire devant cette série, c’est qu'elle n’a quasiment pas pris une ride. La réalisation tient encore la dragée haute à certaines œuvres actuelles. Une animation très détaillée et fluide, qui était déjà exceptionnelle pour l’époque. Le charme qui se dégage du dessin animé est toujours aussi grand, si ce n’est plus, année après année. Grâce aux compositions musicales envoûtantes qui accompagnent l’aventure, nous sommes immédiatement plongés dans l’atmosphère de ces terres inconnues. De la même manière, le travail d’écriture effectué sur les protagonistes est génialissime.
Et la suite dans tout ça !
Enfin, 30 ans après sa création, cette série culte des années 1980 a enfin sa suite avec les Mystérieuses Cités d’Or saisons 2 et 3. Et personnellement, cette suite ou nouvelle série n’a pour unique but que de conquérir le jeune public. Ce qui est quelque part dommage car c’était avant tout la fanbase de la première série de 82, qui été demandeuse de cette suite à l’histoire d’origine devenue mythique.
On ne prend pas les mêmes et on recommence
Pour les saisons 2 et 3, c’est le studio Blue Spirit Animation créé en 2004 par Eric Jacquot et la productrice déléguée Armelle Glorennec. Implanté à Paris, il est dirigé par Jean-Luc François et Pierre-Gilles Stehr dont le but est de travailler en s’amusant. Il produit des séries et des films usant de toutes les techniques d’animation que ce soit 2D, 3D ou animation flash. Nous leur devons, entre autres, Grabillon, Kaeloo, Emilie ou encore le long-métrage le Tableau de Jean-François Laguionie. Une partie de la production est également réalisée au sein du Pôle Image Magelis d’Angoulême. Donc exit la coproduction d’antan avec le studio Pierrot, le producteur Mitsuru Kaneko n’intervient qu’en tant qu’ayant droit. Il faut tout de même rappeler que plusieurs personnes du staff original sont malheureusement décédées comme le character designer Toshiyasu Okada, le co-réalisateur Hisayuki Toriumi ou le décorateur Mitsuki Nakamura. Malgré tout, Jean Chalopin et Bernard Deyriès assurent la supervision de la partie artistique.
Bon, vous l’aurez compris, cette saison 2 est pour moi décevante, il ne reste que des ruines de ce qui faisait le charme de la saison 1. Certains personnages semblent plus jeunes alors que l’action se situe quelques mois après la fin de la première saison. De plus, le studio aurait dû trancher entre 2D et 3D, plutôt que ce rendu fausse 2D, façon cell-shading. Ce qui peut donner dans les expressions des visages de nos héros une certaine froideur ou parfois leurs mimiques qui sont déroutantes. Ils ont de temps en temps des poses typiques à l’américaine. Que dire du doublage, quand nous savons que les comédiennes emblématiques des héros n’ont pas été retenues au casting. Prétendument, par manque de spontanéité et d’énergie, fausse excuse de la production quand nous voyons le travail de Jackie Berger, voix d’Esteban, sur le doublage du héros Gon de Hunter X Hunter, où cette grande comédienne nous prouve toute sa maestria. Autre blasphème, la musique très décevante par rapport aux compositions de Haïm Saban et Shuki Levy. Outrage suprême, sur le générique haché et charcuté, alors que l’opening originel ne demandait qu’un petit rafraîchissement.
Pour en finir avec les cités d’or !
Je vous laisse tout de même avec votre propre jugement sur la suite. Mais pour moi, la suite n’a clairement pas le même reflet que la première saison. Pourtant nous retrouvons les personnages qui ont évolués, certains dans le bon sens, d’autres dans le mauvais. Mais nous ne retrouvons pas la magie, le côté épique de la série originelle. Mais bon, finalement pouvons-nous comparer deux séries, quand une période de 30 ans les sépare ? Les suites sont clairement axées vers un autre public. Enfin bon, si vous n’avez pas vu la saison 1, je ne saurais que trop vous la recommander. Et si vous êtes curieux ou que vous n’avez pas vu la série d’antan, les suites ont tout de même leurs qualités et leur intérêt.